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Avant-Propos

Pourquoi ce nouveau regard sur la ville à travers un sujet délaissé par les historiens ?

À l'échelon local, la Poste ne possède pas de séries spécifiques dans les archives de l'ancien régime. Son étude rationnelle ne pouvait s'effectuer qu'au prix d'un énorme travail à exécuter sans la moindre certitude sur sa finalité. Ce sujet a donc été écarté par les historiens soucieux d'un résultat dans un temps programmé.

La crise économique de 1982 et les décisions gouvernementales qui en découlèrent créèrent une nouvelle donne !..

Le cadre très restrictif des loisirs forcés d'une pré-retraite arrivée soudainement peu après un veuvage, nous amena à faire l'éventail des activités réunissant deux critères :

  • un intérêt suffisant pour combler ce double vide
  • un coût minima

Celle qui nous parût la plus valable fut la recherche historique que quarante années d'obligations professionnelles et familiales ne nous avaient pas permis d'entreprendre. Restait à trouver le sujet.

Notre attirance pour l'histoire locale nous avait fait acheter, lors de sa sortie, le livre de G. Chapier, Histoire de la Poste de Lyon des origines à 1876, qui éveilla notre curiosité en ce domaine. D'autre part, notre adhésion récente au Club philatélique et marcophile de Lyon nous avait permis de constater les énormes lacunes de l'histoire postale, même pour la période semi-moderne.

C'est avec l'objectif de trouver :

  • la date exacte de la translation du bureau de la rue Luizerne aux Terreaux
  • la date d'ouverture du deuxième bureau de la rive gauche (Guillotière)
  • l'organisation de la desserte de la banlieue au temps de la Petite Poste

que nous nous dirigeâmes un beau matin de 1983 vers les services d'archives. Rien ne pouvait nous laisser présager que notre quête durerait plus de dix ans et qu'elle se terminerait par une publication retraçant presque dans ses détails les six siècles d'histoire du plus important bureau de poste de province.

Notre chance fut d'avoir pour seul atout notre seule bonne volonté, c'est-à-dire d'arriver sans idée préconçue sur le sujet et de nous trouver à proximité du plus important dépôt d'archives de province.

Les défis rencontrés

Partant du principe que la poste est à la disposition du grand public et que les informations la concernant devaient être diffusées par la presse locale, nous consultâmes le journal de la Guillotière, qui nous apprit rapidement l'essentiel qu'il y avait à savoir sur le bureau de ce quartier.

La série "POSTE" des archives départementales, bien que non classée, ne fit que nous conforter dans l'idée qu'il y avait "quelque chose à faire"... Il fallait du temps... Nous l'avions...

Semaines après semaines, la documentation s'accumula. Cependant, deux difficultés surgirent, a priori insurmontables :

  • Les documents épars ne sont que des fragments d'un immense puzzle. Ils ne trouvent leur véritable intérêt que lorsqu'on peut les expliciter et les intégrer à la place que l'histoire leur a fixé. Pour cela, il fallait connaître, au moins dans ses grandes lignes, l'organisation de la poste à l'échelon national.
  • Le graphisme particulier des documents anciens les rend impénétrables aux non initiés. Alors que nous pensions devoir abandonner nos recherches, nos yeux se portèrent sur une petite carte informant les lecteurs des archives que des cours de paléographie étaient dispensés à leur intention.

Ces cours fructueux nous permirent d'accéder à l'inaccessible : le champ d'investigation devenait illimité...

La dimension de l'étude

Comme, hélas, le temps ne nous était pas compté, nous sondâmes de nombreuses séries, dont les minutes notariales, source pratiquement inépuisable de renseignements de tous ordres.

Les minutes notariales largement exploitées, un bilan s'imposait. Force nous fut de constater :

  • qu'un certain nombre de maisons citées dans les documents devaient encore faire partie de notre patrimoine
  • que les quelques « lacunes » constatées ne pourraient être complétées à l'aide des fonds lyonnais
  • que l'ensemble de la documentation en notre possession dépassait très largement le cadre régional

Cette dernière constatation nous motiva pour essayer de réduire à leur minima les points d'ombre subsistants. Un premier voyage à Paris, particulièrement fructueux, s'avéra néanmoins insuffisant ! Nous y retournâmes à plusieurs reprises, tant nous avions pris à cœur de mener le sujet à son terme.

Le fonds POINTET*, dont on ne dira jamais assez l'exceptionnelle richesse, nous permit de repérer sur les plans la quasi-totalité des immeubles identifiés. Dès lors, notre étude prenait une tout autre dimension : l'histoire de la poste et l'histoire de la ville ne faisaient plus qu'une seule et même histoire.

* Joseph POINTET, fabricant de soieries, passa une partie de sa vie à reconstituer le cadastre de la ville de Lyon des origines à la Révolution. C'est ce travail gigantesque et méticuleux, apprécié de tous les chercheurs, qui nous a permis de retrouver l'emplacement de la plupart des immeubles cités. Aucune rue de la ville ne porte son nom, alors que personne n'a fait autant que lui pour son histoire.

Mais pouvait-il en être autrement ? Les milliers de lettres qui sont portées chaque jour par nos rues ne sont-elles pas les gouttes de sang qui apportent la vie à notre cité ?

C'est donc autant une histoire de la ville que de la poste qu'il résulte de ces dix années de recherches.

Précisions méthodologiques

Le lecteur n'y trouvera pas l'historique des cachets employés par les bureaux. C'est une science bien précise que nous laissons à leurs éminents spécialistes. Nous nous bornerons seulement à présenter quelques cachets pour marquer leur évolution et agrémenter le texte.

Afin qu'il n'y ait pas d'équivoque, disons quelques mots sur les dates, bien souvent objet de polémiques. Pour la période moderne, trois dates peuvent être prises en compte pour l'ouverture d'un bureau :

  • la date de l'arrêté ministériel ou de la décision autorisant son ouverture
  • la date de nomination du responsable de l'établissement
  • la date de l'ouverture au public

Or, un arrêté de création n'est pas forcément suivi d'effet. Nous en avons plusieurs exemples à Lyon. Un bureau, autorisé le 25 novembre 1925 pour le quartier du Grand Trou, n'a jamais été ouvert. Les bureaux du cours Lafayette et de la Mouche n'ont été ouverts que plusieurs années après l'arrêté de création, etc.

La date de nomination du responsable est aussi sujette à un décalage relatif du fait de la non-acceptation de certains et des impondérables, comme les retards apportés dans l'aménagement du bureau, etc.

Quant à la date d'ouverture au public, à notre avis, seule valable, elle subit quelques légères variantes si on compare les documents locaux aux documents de l'Administration centrale conservés aux archives nationales sous la cote F 90 bis 4634.

Que le lecteur ne s'étonne donc pas de divergences minimes qui ne changent en rien le cours de l'histoire.

Conclusion

Pour notre part, dans la mesure des possibilités, nous avons indiqué pour chaque bureau :

  • la date de sa création par arrêté ou décision ministériel
  • la date d'ouverture au public mentionnée par le Directeur départemental dans ses rapports annuels, et à défaut, celle mentionnée sur les avis au public diffusés par voie de presse

Dans la troisième partie de l'ouvrage, le lecteur trouvera de multiples allusions à la politique financière de l'Administration des Postes. Que personne ne voie dans nos propos une critique quelconque à son égard. Nous ne pouvions passer sous silence, sans altérer la vérité historique, un ensemble de faits aux conséquences aussi néfastes tant sur la vie de nos quartiers que sur les conditions de travail du personnel.

Laurent Bonnevay, bien placé pour apprécier la situation, a dit* :

"L'État est un perpétuel quémandeur.... mais aucune administration n'a dépassé dans cet art celle des Postes et Télégraphes..."

* Histoire politique et administrative du Conseil Général du Rhône

Pour notre part, comme à toutes les époques, nous sommes bornés à citer, à expliquer et non à juger.

À notre grand regret, il ne nous a pas été possible de citer tous les documents trouvés, malgré leur ancienneté et leur intérêt. Nous aurions pu faire quelques tableaux* pour citer le maximum de choses dans un minimum d'espace. Nous y avons renoncé en raison de leur peu d'attractivité.

* En particulier pour les messagers et pour les courriers.

À plusieurs reprises, nous avons dû nous résigner à employer le conditionnel ou à terminer nos phrases par un point d'interrogation. Certains cas, sans réponse aujourd'hui, seront l'évidence même lorsque d'autres études départementales viendront compléter celle du Rhône et que l'on pourra comparer les dates et les façons de procéder.

Lorsqu'en septembre 1792, Roland de la Platière, alors ministre, s'insurge contre l'aberration de l'élection des directeurs, il dit :

"L'ensemble de cette administration est une mécanique savante et bien combinée, dont le principal ressort est à Paris et qui doit avoir un pivot unique..."*

* Le Moniteur du 29 septembre 1792 page 1160.

La reconstitution de l'histoire de la Poste n'est que le remontage de cette mécanique savante. Eugène Vaillé a magistralement apporté le ressort principal. Bien modestement, avec ces pages, nous apportons le rouage n° 69*. Nous souhaitons que, grâce aux connaissances qu'il apporte, il aide à en reconstituer d'autres, afin qu'un jour la "mécanique savante" redevienne une mécanique "vivante".

* Jusqu’en 1875 le département a porté le n° 68 pour être le 68e de la liste de 1792 qui bien sûr, ne comprenait ni le département des Alpes-Maritimes, ni ceux des Savoies etc

L'histoire des postes du RHONE Tome 2

L'histoire des postes du RHONE Tome 2

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Thèmes abordés: Révolution, télégraphe, bureaux postaux, modernisation, Lyon.

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Dernière mise à jour : 30/09/2025